Partout sur le pourtour méditerranéen, mais aussi en Europe continentale, les besoins en eau évoluent sous les effets du changement climatique : les baisses des précipitations et les hausses des températures imposent de repenser les modes de gestion de l’eau, tant en quantité qu’en qualité, pour l’ensemble des activités humaines (agriculture, eau potable, industrie) et non-humaines (débit et qualité des cours d’eau).
Les eaux usées par les activités humaines sont aujourd’hui considérées comme des ressources souvent sous-exploitées ou mal-exploitées, que ce soit sous l’angle quantitatif (réutiliser mieux l’eau) aussi bien que qualitatif (réutiliser davantage les éléments fertilisants contenus dans celle-ci et limiter les rejets directs dans les milieux).
Cependant, comme toute modification du cycle de l’eau, la mise en place de solutions favorisant les cycles cours, la réutilisation des eaux usées, et plus largement des eaux dites « non conventionnelles » impactent l’environnement à des degrés divers, et en particulier les milieux aquatiques ainsi que nos sociétés.
Il convient donc de considérer les projets de Reuse comme une composante parmi d’autre de la gestion intégrée des ressources en eau de manière concomitante avec des mesures visant à favoriser la sobriété.
La conférence s’intéresse aux multiples usages liés à la réutilisation des eaux usées traitées et « non conventionnelles » à plusieurs échelles de l’habitat au territoire :
Les différentes approches de traitement des eaux en lien avec les usages potentiels et les modes de gestion de l’assainissement (centralisés ou non centralisés) seront considérés : les procédés de traitements innovants, les approches multi-barrières et les approches de séparation à la source des effluents.
Le sujet traité par la conférence sera pluridisciplinaire : les procédés de traitement en lien avec les usages de l’eau, les méthodes mathématiques et de modélisation pour optimiser la filière de Reuse, les approches agronomique et économiques, les analyses de type « cycle de vie », les approches sociologiques et en sciences politiques. La conférence s’intéressera particulièrement aux évolutions réglementaires de la Reuse et ambitionne de faire un tour d’horizon des législations des pays concernés (y compris la légalisation européenne) et de faire le lien entre les évolutions réglementaires et la dimension des risques liés à la Reuse (sanitaire, environnemental, économique…).
La conférence s’intéresse également aux modèles organisationnels et de gouvernance de la Reuse ainsi qu’aux nouveaux questionnements sociétaux que soulève la Reuse vis-à-vis de notre rapport à l’eau et à ses usages.
L’appel à contribution est désormais clos. Les résumés étendus sont attendus d’ici le 15/09/2024 à l’adresse mail : conf.reuse.euromed@gmail.com avec l'objet du mail « résumé étendu / extended abstract »
Après soumission des résumés étendus en anglais, le Comité Scientifique sélectionnera les meilleurs pour une possible publication dans le numéro spécial du journal scientifique Environmental Technology (Taylor and Francis Publishing : https://www.tandfonline.com/journals/tent20)
Le programme détaillé et définitif de la conférence sera publié suite à la réception des résumés étendus ainsi qu’au règlement des inscriptions des contributeurs.
Le programme de la journée est en cours de finalisation.
Trois visites techniques en Région Occitanie seront prévues, afin d’illustrer des exemples de projet de Reuse.
La plateforme expérimentale de réutilisation des eaux usées traitées de Murviel-lès-Montpellier
En fédérant un large consortium de laboratoires et d’entreprises nationaux et internationaux, la plateforme de Murviel-lès-Montpellier permet d’étudier depuis 2016 la faisabilité technique et d’évaluer les impacts agronomiques, sanitaires et environnementaux d’une filière de réutilisation des eaux usées traitées en agriculture. Les principaux objectifs scientifiques sont :
Le travail expérimental porte sur l’acquisition de références à la fois :
(1) en conditions contrôlées sous serre (bacs de sol), cultures maraîchères et avec différentes qualités d'eaux usées (eaux usées brutes au traitement poussé) dans l’enceinte d’une station d’épuration.
(2) en conditions réelles, sur une parcelle agricole d’une surface de 0,5 ha, avec des pratiques réglementées, en utilisant des techniques d’irrigation améliorées destinées à réduire les possibilités de contamination. Les cultures présentes sont vignes, oliviers et arbres fruitiers. 0.4ha irriguées avec de l’eau usée traitée de qualité C et 0.1ha irrigués avec de l’eau claire (témoin vigne).
En lien avec les institutions locales, la plateforme de Murviel-lès-Montpellier s’insère dans un living lab sur l’adaptation des territoires agricoles aux stress hydriques.
Référent scientifique : Nassim Ait Mouheb, INRAE.
REUSE pour irriguer la vigne : le dispositif de Gruissan
Avec quelque 19 600 hectares de vignes cultivés, la viticulture représente un secteur économique majeur pour la communauté d’agglomération du Grand Narbonne. Or, le territoire subit d’importantes sécheresses et pénuries d’eau qui ont un impact sur le rendement des vignes et sur la mortalité des ceps. Un consortium a été établi entre le Grand Narbonne, Véolia, l'INRA, Aquadoc et la cave coopérative de Gruissan. Dès 2013, des expérimentations ont été menées pendant 6 ans afin d'irriguer la vigne avec des eaux usées traitées. Les résultats ont permis de valider le procédé et de lancer la phase de transfert pour passer à l’échelle de démonstration sur 81 hectares de vignes de la commune de Gruissan. Le Grand Narbonne a eu en charge d’équiper la station d’épuration de Narbonne-Plage du dispositif de traitement tertiaire. Créée en 2019, l’Association Syndicale Autorisée (ASA) de Gruissan, établissement public à caractère administratif, est quant à elle en charge de la construction, l'entretien et l'exploitation des ouvrages de la station de mise sous pression et du réseau de distribution. Les travaux ont été réalisés en 2021 et les premières irrigations ont démarré en 2022. La visite sera assurée par le service de l'eau du Grand Narbonne, des irrigants de l'ASA et le chercheur Nicolas Saurin de l'INRAE.
Référent scientifique : Nicolas Saurin, INRAE.